DE LA GOMME ARABIQUE, DU BICHROMATE, UN PIGMENT...

La gomme bichromatée est un des innombrables procédés permettant d'obtenir une photographie sur un support. Ce procédé fut mis au point par Alphonse Poitevin en 1856 et fut utilisé avant la 1° guerre mondiale par les pictorialistes qui considéraient que le papier photographique tout prêt nivelait le savoir-faire des photographes.

 

Nul ne sait comment l'idée est venue de mélanger ces produits, mais toujours est-il que......
Un mélange de bichromate de potassium et de gomme arabique est photosensible, les parties ayant reçu la lumière devenant ainsi insolubles dans l'eau. L'addition d'un pigment permet de marquer les zones qui ont reçu la lumière. Après avoir badigeonné une feuille de papier d'art avec le mélange sensible et l'avoir fait sécher, on fait un contact avec un négatif au format et on expose au soleil ou aux lampes UV. Le développement (on parle alors de dépouillement) se fait dans l'eau. Des interventions manuelles pour retirer plus de matière à certains endroits sont nécessaires, ce qui fait de la gomme bichromatée un procédé d'interprétation de l'image.
 
La densité de l'image obtenue ainsi est faible, ce qui nécessite une 2° couche, nouvelle insolation, nouveau dépouillement, puis parfois une 3° couche... Certaines de mes photos ont 10 couches.
 
Bien que le négatif puisse être réutilisé autant de fois qu'on souhaite, chaque photo est unique car le travail est très aléatoire.
 
En partant de ce procédé, il est également possible de faire des photos en couleur par la méthode de la tri ou quadrichromie, ce qui nécessite un négatif par couleur. Là aussi, on ne cherche pas à retrouver les couleurs d'origine mais à les interpréter.
 
Vu qu'il n'y a pas de nitrate d'argent, la gomme bichromatée est sans doute un des procédés les plus stables dans le temps, la lumière n'altérant pas l'image. Une stabilité prouvée puisque des photos du XIX° siècle sont conservées sans dommage dans les collections.